Crise en RDC : la rencontre Tshisekedi-Kagame confirmée à une condition fixée par Kinshasa

Un sommet est annoncé à Washington, à la fin du mois de novembre, entre les présidents Félix Tshisekedi (République démocratique du Congo) et Paul Kagame (Rwanda), sous la médiation du président américain Donald Trump.

Dans une interview ce mercredi matin à Radio France Internationale (RFI), le porte-parole du gouvernement congolais et ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a clairement conditionné la tenue de cette rencontre à un retrait vérifiable des troupes rwandaises du territoire congolais.

La condition posée par Patrick Muyaya

« Le président Tshisekedi ne peut pas aller signer la paix à Washington sans qu’on puisse constater que les troupes rwandaises se sont retirées de notre territoire », a déclaré Muyaya.
Il rappelle que, dans l’accord du 27 juin (volet militaire dit « Conops ») :

  • d’une part, il est prévu que la RDC traite la question de Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ;
  • d’autre part, que le Rwanda retire ce qu’il appelle ses « mesures de défense », c’est-à-dire la présence de troupes et de matériel militaire sur le sol congolais.
    Muyaya indique que « nous avons paraphé parce qu’il y a eu un progrès. » Mais l’exécution de la partie militaire est conditionnelle : « nous faisons notre part et eux doivent faire la leur. »

Pourquoi cette mise en garde est-elle significative ?

  1. Souveraineté et image diplomatique : pour la RDC, la présence de forces étrangères sur son territoire constitue à la fois une atteinte à la souveraineté et un handicap diplomatique si la signature d’un accord devait se faire sans retrait réel.
  2. L’accord de Washington (27 juin 2025) a déjà fixé des jalons : il prévoit entre autres le retrait des troupes rwandaises, la fin du soutien aux FDLR par la RDC, un cadre d’intégration économique régionale.
  3. La réalité sur le terrain reste tendue : les rapports de l’ONU indiquent toujours une présence rwandaise ou du moins une forte influence dans l’est de la RDC.
  4. Le sommet est aussi un enjeu économique et géopolitique : au-delà du volet sécurité, l’accord évoqué contient un cadre régional d’intégration économique, en non-moindre partie lié aux ressources de l’est congolais. Muyaya l’a mentionné en rendant compte du « cadre d’intégration économique régionale » qui ne pourra être mis en œuvre qu’après « satisfaction de l’exécution du Conops ».

Les attentes et les défis

  • Retrait tangible et vérifiable : la RDC exige un retrait « constatable ». Le terme suggère que des mécanismes de contrôle ou de vérification devront être mis en place.
  • Avancement du volet militaire conjoint : l’accord du 27 juin inclut des engagements partagés. Pour la RDC, traiter les FDLR est une priorité ; pour le Rwanda, retirer ses « mesures de défense ».
  • Timing incertain : si le sommet est fixé «avant la fin novembre», le retard ou l’absence de retrait pourrait conduire à un report ou à des tensions diplomatiques.
  • Risques de non-application : comme souvent dans la région, l’accumulation d’engagements ne garantit pas l’implémentation. Il existe un risque que la cérémonie de signature devienne symbolique sans changement réel sur le terrain.

Pourquoi c’est important pour le Nord-Kivu ?

Pour la province du nord-Kivu et les régions de l’est de la RDC :

  • Un retrait effectif des troupes rwandaises pourrait réduire la pression militaire et sécuritaire sur les populations locales et les déplacés.
  • Le cadre économique régional évoqué ouvre la perspective d’investissements et de développement : sortie de l’ombre du conflit pour entrer dans une dynamique de coopération.
  • Mais tant que la mise en œuvre reste incertaine, la vulnérabilité sécuritaire des populations de l’est persiste.

La condition posée par Patrick Muyaya revient à dire : pas de photo / signature à Washington sans preuves d’un retrait effectif sur le terrain.

Le sommet pourrait marquer un tournant, mais tout repose désormais sur la capacité de toutes les parties à concrétiser les engagements militaires avant la dimension diplomatique et économique.

Les yeux sont désormais tournés vers les prochains jours le retrait effectif, la mise en place de mécanismes de vérification, et l’annonce officielle de la rencontre des deux chefs d’État.

Sans ces éléments, le sommet risquerait de rester un évènement symbolique plus qu’un jalon concret de paix.

Muller Mundeke Kalonji

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