L’annonce de l’arrestation du lieutenant-général Pacifique Masunzu, continue de susciter un vif émoi tant au sein de l’opinion publique que dans les milieux politiques et militaires.
L’affaire, survenue dans un contexte sécuritaire tendu à l’Est du pays, met une fois de plus en lumière les tensions internes au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Une arrestation aux contours flous
Selon plusieurs sources concordantes, le général Pacifique Masunzu, commandant de la 3ᵉ Zone de défense des FARDC, a été arrêté le 3 novembre 2025 à Kisangani, avant d’être transféré à Kinshasa sous escorte militaire.
L’opération serait intervenue quelques jours après la chute de la localité de Nzibira, dans le territoire de Walungu (Sud-Kivu), tombée entre les mains des rebelles de l’Alliance des Forces du Changement (AFC/M23).
Des sources militaires citées par plusieurs médias affirment que plusieurs griefs pèseraient sur le général, notamment des manquements dans la gestion opérationnelle et stratégique de sa zone, laquelle couvre un vaste territoire incluant le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri, le Maniema, la Tshopo, le Bas-Uélé et le Haut-Uélé.
Son adjoint aurait également été interpellé dans la même opération.
Aucune communication officielle n’a, pour l’heure, été faite par les FARDC ni par le ministère de la Défense nationale, laissant place à une avalanche de spéculations sur les raisons réelles de cette arrestation.
La communauté Banyamulenge dénonce une « arrestation arbitraire »
L’arrestation du général Masunzu, lui-même issu de la communauté Banyamulenge, a immédiatement provoqué une réaction de l’Union Internationale des Banyamulenge (UIB). Dans un communiqué rendu public, cette organisation a dénoncé un acte « arbitraire » et « discriminatoire » à l’égard de leur communauté.
« Cet acte, perpétré par les forces de la Maison militaire, s’inscrit dans une longue chaîne de persécutions systématiques visant à marginaliser les membres de notre communauté », déplore le communiqué.
L’UIB accuse les autorités militaires d’utiliser cette arrestation comme un instrument politique et ethnique, estimant qu’elle « révèle une stratégie d’épuration au sein de l’armée ». Elle évoque également un risque de déstabilisation accru pour le pays, en raison de la perte de cohésion nationale à un moment où les FARDC font face à de multiples fronts rebelles.
L’organisation appelle le Chef d’État-Major Général des FARDC et le Procureur Général près la Cour militaire à garantir le droit à la défense du général Masunzu et à lui assurer un accès immédiat à ses avocats.
« Si aucune infraction n’est retenue à son encontre, nous exigeons sa libération sans délai ainsi que des excuses publiques », conclut le communiqué.
Une succession déjà évoquée
Dans la foulée, une information non encore confirmée par les autorités militaires fait état de la nomination du lieutenant-général Luboya Nkashama à la tête de la 3ᵉ Zone de défense, en remplacement du général Masunzu. Cette rumeur, largement relayée sur les réseaux sociaux depuis le jeudi 6 novembre au soir, reste toutefois sans confirmation officielle de la hiérarchie militaire.
Un symbole en détention
Le général Pacifique Masunzu, connu pour son rôle historique dans la pacification du Sud-Kivu au début des années 2000, jouit d’une réputation de loyaliste au sein de l’armée nationale. Il est l’un des rares officiers Banyamulenge à avoir gravi les échelons jusqu’au sommet de la hiérarchie militaire, malgré les clivages ethniques et politiques qui traversent les institutions sécuritaires congolaises.
Son arrestation, survenue dans un contexte où les FARDC affrontent simultanément les rébellions du M23/AFC, des ADF et d’autres groupes armés locaux, soulève des interrogations sur la stabilité interne du commandement militaire.
En attendant la version officielle
Tandis que la polémique enfle, les observateurs appellent à la transparence et à la prudence. Une déclaration officielle des FARDC ou du gouvernement est attendue dans les prochains jours pour clarifier les motifs réels de cette arrestation, qui risque, si elle n’est pas gérée avec tact, d’alimenter les tensions communautaires et politiques déjà palpables à l’Est de la RDC.
En résumé, l’arrestation du général Pacifique Masunzu, officier respecté mais désormais contesté, met en lumière les fractures internes de l’armée congolaise dans un contexte sécuritaire critique. Entre accusations de négligence, tensions ethniques et manœuvres politiques, l’affaire reste entourée de zones d’ombre. Seule une communication officielle pourra désormais dissiper le flou et restaurer la confiance au sein des forces armées et de la population.
Ilunga Mubidi Oscar
