Alors que les discussions de paix se poursuivent à Doha entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23, la tension monte de nouveau sur le terrain.
Dans une nouvelle adresse à la nation et à la communauté internationale, le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Sylvain Ekenge, a dénoncé de « graves violations du cessez-le-feu » imputées à la coalition rebelle appuyée par le Rwanda.
Des attaques coordonnées sur plusieurs axes
Le général Ekenge a fait état d’une intensification des attaques contre les positions loyalistes au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, malgré les engagements de trêve pris dans le cadre des processus de Washington et de Doha.
« Depuis trois jours, plusieurs de nos positions ont été prises pour cibles par la coalition de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Il s’agit là d’une violation manifeste et intentionnelle du cessez-le-feu », a déclaré le porte-parole des FARDC.
Au Sud-Kivu, les attaques ont particulièrement visé :
- Bula Bula et Kibandamangobo, sur l’axe Walungu–Shabunda ;
- Le pont de la rivière Mudugwe, sur l’axe Walungu–Mwega ;
- Et le village de Tuwetuwe, frappé par le groupe Twiraneho, sur l’axe Fizi–Minembwe.
Dans le Nord-Kivu, d’autres affrontements ont été signalés à Kasopo et Kajinga, des localités situées dans des zones de forte tension entre les FARDC et les combattants de l’AFC/M23.
Une trêve de plus en plus fragile
Ces attaques interviennent au moment où les négociations de Doha, sous la facilitation du Qatar et du soutien diplomatique des États-Unis et du Togo, semblent entrer dans une phase décisive. Kinshasa et le mouvement rebelle étaient supposés observer un cessez-le-feu intégral, condition préalable à la signature d’un accord de paix global.
Pour l’armée congolaise, cette nouvelle série d’incidents traduit la mauvaise foi de la rébellion et menace directement les efforts diplomatiques en cours.
« Ces provocations répétées visent à saboter le processus de paix. La République ne cédera pas face à cette agression », a martelé le général Ekenge.
Appel à la communauté internationale
Les FARDC appellent la communauté internationale, ainsi que les médiateurs qatari et américain, à constater et condamner ces violations du cessez-le-feu. Elles réaffirment avoir pris « toutes les dispositions nécessaires » pour protéger les populations civiles et riposter à toute nouvelle attaque.
Du côté du gouvernement, aucune suspension du processus de Doha n’a été annoncée pour l’instant, mais plusieurs observateurs redoutent un durcissement des positions si les attaques de la rébellion se poursuivent.

L’AFC/M23, active dans l’Est de la RDC, est régulièrement accusée par Kinshasa et l’ONU d’être soutenue militairement par le Rwanda, ce que Kigali continue de nier.
Depuis la reprise des hostilités en 2022, des milliers de civils ont été déplacés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, accentuant une crise humanitaire déjà dramatique.
À l’heure où la diplomatie semble offrir une lueur d’espoir, ces nouveaux affrontements risquent de fragiliser la confiance entre les parties et de retarder la signature d’un accord définitif attendu à Doha.
Muller Mundeke Kalonji
