La République démocratique du Congo (RDC) s’apprête à accueillir, le 15 novembre 2025, le 9ᵉ Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
Ce rendez-vous diplomatique majeur marquera le passage de la présidence tournante de l’Angola à la RDC, dans un contexte géopolitique tendu, mais porteur d’espoirs pour la paix et la coopération régionale.
Une rencontre sous haute tension diplomatique
L’un des faits les plus remarqués de ce sommet est l’invitation officielle du président rwandais Paul Kagame à participer aux assises de Kinshasa. Cette présence, bien que symbolique, intervient dans un climat de fortes tensions entre les deux voisins, la RDC accusant depuis plusieurs années le Rwanda de soutenir activement le mouvement rebelle AFC-M23, responsable de graves violences dans l’Est du pays.
Malgré ces différends, Kinshasa a choisi de maintenir la diplomatie comme instrument de résolution des crises régionales. Le ministre congolais de l’Intégration régionale, Floribert Anzuluni, a confirmé l’invitation en ces termes :
« La CIRGL est un cadre multilatéral. Tous les pays membres, sans exception, ont été conviés à participer à ce sommet. Nous privilégions la voie du dialogue, car la paix passe avant tout par la concertation. »
Le ministre a également indiqué que des dispositions techniques sont prévues pour une participation virtuelle, permettant à certains chefs d’État d’intervenir à distance en cas d’empêchement.
La RDC veut transformer les tensions en opportunités de développement
En accédant à la présidence de la CIRGL, la RDC entend imprimer une nouvelle dynamique fondée sur la diplomatie constructive et l’intégration économique. Pour Kinshasa, l’objectif n’est pas de « régler des comptes », mais de bâtir une plateforme de coopération durable entre les nations de la sous-région.
Floribert Anzuluni résume cette vision en deux priorités :
- La paix et la sécurité : « Trouver des solutions pacifiques pour mettre un terme aux activités des groupes armés et restaurer la confiance entre États. »
- Le développement économique : « Travailler ensemble pour stimuler la croissance, en misant sur des projets d’intégration régionale à fort impact. »
Un projet d’intégration par le rail : le corridor économique des Grands Lacs
Au cœur des discussions de ce sommet figurera un projet emblématique : le chemin de fer intégrateur régional. Cette infrastructure stratégique vise à relier la Tanzanie, le Burundi et la RDC à travers un corridor ferroviaire à haute valeur économique.
Le tracé du projet prévoit :
- Un départ depuis la Tanzanie, dont le réseau ferroviaire est déjà opérationnel ;
- Une extension jusqu’au Burundi, en cours de finalisation ;
- Une prolongation vers Uvira et Kindu en RDC, où le chantier devrait démarrer sous la coordination du ministère congolais des Transports.
Ce projet est considéré comme un levier majeur de développement, capable de stimuler le commerce transfrontalier, de réduire les coûts logistiques et de créer des milliers d’emplois dans la sous-région.
« Le rail n’est pas seulement un symbole de connectivité, mais un instrument concret d’intégration économique et sociale », a souligné un diplomate angolais, saluant la volonté de Kinshasa de replacer la coopération au centre de son action régionale.
Un test décisif pour la coopération régionale
Le 9ᵉ Sommet de la CIRGL sera observé de près par la communauté internationale. Il constituera un test de maturité diplomatique pour les États membres, appelés à prouver que la coopération économique peut surpasser les antagonismes politiques et sécuritaires.
La CIRGL, créée en 2000, regroupe 12 États membres :
Angola, Burundi, République centrafricaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie.
Alors que la RDC s’apprête à prendre les rênes de l’organisation, tous les regards seront tournés vers Kinshasa, où se jouera une nouvelle page du destin collectif des Grands Lacs africains — entre espoirs de paix durable et défis persistants de méfiance mutuelle.
Muller Mundeke Kalonji
