Drame/RDC : Une mère de famille décède à Kinshasa après la chirurgie de forme de ses fesses

Une nouvelle tragédie médicale secoue la capitale congolaise. Madame Laetitia Kifwame Lubo, mère de famille et résidente de Kinshasa, a perdu la vie quelques heures seulement après avoir subi une liposuccion à la clinique privée Le Jourdain, située dans la commune huppée de La Gombe.

Cette affaire, aujourd’hui entre les mains de la justice, relance le débat sur la sécurité des cliniques esthétiques et le contrôle de leurs pratiques dans la capitale congolaise.


Une opération censée embellir… qui vire au drame

Selon les informations recueillies auprès des proches de la défunte, Laetitia Kifwame Lubo s’était rendue seule, dans cette clinique de l’avenue Haut-Commandement n°308, quartier Batetela. Elle souhaitait y subir une liposuccion des cuisses et des mollets, une opération chirurgicale destinée à retirer l’excès de graisse.

Convaincue d’être entre de bonnes mains, elle aurait fait confiance à une certaine « Dr ML Malonda », responsable du centre médical. L’intervention, facturée 3 000 dollars américains, s’est déroulée dans la journée. Selon son chauffeur, la patiente a quitté la clinique tard dans la soirée, visiblement affaiblie, sans qu’aucun accompagnement médical ne lui soit assuré.

De retour à son domicile, Laetitia aurait passé la nuit seule. C’est au petit matin du 8 octobre, vers 5h30, que sa fille de 17 ans l’a retrouvée inerte, gisant au pied du lit. Transportée d’urgence à l’hôpital Ngaliema Center, les médecins n’ont pu que constater son décès.

Une autopsie a par la suite révélé que la victime serait morte d’une perte massive de sang, laissant supposer des complications post-opératoires non prises en charge.


La famille porte plainte et exige des comptes

Face à ce drame, la famille de la défunte a déposé une plainte au Tribunal de grande instance de la Gombe, pointant du doigt la responsabilité de la clinique Le Jourdain et de la prétendue Dr Malonda.

Les avocats de la famille s’interrogent :

« Cette clinique dispose-t-elle réellement d’une autorisation du Ministère de la Santé ? La dame qui s’est présentée comme médecin a-t-elle un numéro d’ordre de l’Ordre des Médecins ? Et surtout, pourquoi n’a-t-elle jamais pris la peine de contacter la famille après l’opération ? »

Le dossier judiciaire contient plusieurs pièces à conviction :

  • des conversations WhatsApp entre la victime et le personnel du centre, attestant des préparatifs de l’intervention ;
  • une facture officielle de 3 000 $ signée et cachetée par la clinique ;
  • l’absence totale de prescription post-opératoire parmi les effets personnels de la défunte.

Ces éléments alimentent de sérieux soupçons de négligence médicale et de non-respect des normes d’hygiène et de suivi.


Des pratiques esthétiques peu encadrées à Kinshasa

Cette affaire met en lumière un phénomène grandissant : l’essor des cliniques de chirurgie esthétique non réglementées à Kinshasa. Dans plusieurs quartiers de la capitale, des établissements proposent désormais des interventions coûteuses – liposuctions, augmentations mammaires, injections de fesses – souvent sans autorisation officielle ni personnel qualifié.

Faute de contrôle strict du ministère de la Santé, de nombreuses Congolaises s’y rendent dans l’espoir d’améliorer leur apparence, sans mesurer les risques potentiels. Plusieurs cas de complications graves ou de décès ont déjà été signalés ces dernières années, mais très peu ont conduit à des sanctions.


Un appel à la régulation et à la vigilance

La mort de Laetitia Kifwame Lubo suscite une onde d’indignation sur les réseaux sociaux et dans les milieux médicaux. Des voix s’élèvent pour réclamer un encadrement rigoureux des cliniques esthétiques et la publication d’une liste officielle des établissements agréés.

« Ce drame doit servir d’électrochoc. On ne peut pas continuer à laisser des pseudo-médecins opérer sans contrôle », déplore un médecin de l’Hôpital général de Kinshasa contacté par notre rédaction.

En attendant les conclusions de l’enquête judiciaire, la clinique Le Jourdain demeure fermée et la prétendue Dr Malonda introuvable, selon plusieurs sources proches du dossier.


Une vie fauchée pour une quête d’esthétique

Madame Laetitia Kifwame Lubo laisse derrière elle deux enfants mineurs et une famille dévastée. Ce drame vient rappeler, une fois de plus, les dérives dangereuses de la chirurgie esthétique non encadrée, où la recherche de beauté rapide se solde parfois par la mort.

Une enquête a été ouverte. La justice dit vouloir aller “jusqu’au bout”.


Suzanne Kalambay Mujinga

Related Post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *