Après plusieurs mois de discussions menées à huis clos sous la médiation conjointe du Qatar et des États-Unis, les négociations entre le gouvernement congolais et la rébellion de AFC-M23 semblent toucher à leur terme à Doha.
Selon plusieurs sources diplomatiques, les deux parties seraient désormais proches d’un accord politique global destiné à mettre fin à plus de trois années de conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Un accord en gestation sous l’œil attentif des médiateurs internationaux
C’est depuis le Qatar, dans la capitale Doha, que les négociateurs congolais et les représentants de l’AFC-M23, dirigés par Bertrand Bisimwa, finalisent les derniers points d’un texte présenté comme « l’accord de réconciliation nationale et de stabilisation ».
Le président Félix-Antoine Tshisekedi a lui-même confirmé, depuis le Brésil, la perspective d’une issue favorable dans les tout prochains jours.
Peu après, Bertrand Bisimwa a relayé sur le réseau social X (ex-Twitter) un message allant dans le même sens, saluant les « avancées significatives dans le processus de paix en cours à Doha ».
Les principales dispositions du projet d’accord
Selon des sources proches du dossier consultées par plusieurs médias, le texte en cours de finalisation contiendrait des dispositions à la fois politiques, sécuritaires et institutionnelles. Parmi les points saillants :
- Maintien intégral de la Constitution actuelle, écartant toute révision avant la tenue des prochaines élections nationales ;
- Organisation d’élections générales en 2028, placées sous la supervision d’une commission électorale rénovée et partiellement cogérée par des représentants du gouvernement, de l’opposition et de l’AFC-M23 ;
- Non-candidature du président Félix Tshisekedi à ces élections, conformément à un engagement politique visant à favoriser une alternance pacifique et apaiser les tensions politiques internes ;
- Intégration graduelle des combattants de l’AFC-M23 dans les forces armées congolaises (FARDC), suivant un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) supervisé par des partenaires internationaux ;
- Création d’un mécanisme de cogestion administrative et sécuritaire dans certaines zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le temps de restaurer la confiance entre les communautés locales ;
- Garantie d’amnistie conditionnelle pour certains cadres politiques et militaires du mouvement, à l’exclusion de ceux impliqués dans des crimes de guerre ou des violations graves des droits humains.
Washington pousse pour une signature avant le 13 novembre
D’après les informations recueillies, les États-Unis auraient fixé un calendrier serré afin de matérialiser la signature officielle de l’accord avant le 13 novembre 2025. Une délégation conjointe du Département d’État américain et du ministère qatari des Affaires étrangères serait déjà mobilisée pour encadrer cette phase finale.
« L’objectif de Washington est de faire de cet accord un jalon concret vers la pacification durable de l’Est de la RDC et la réconciliation régionale », confie une source diplomatique sous couvert d’anonymat.
Vers un nouveau dialogue politique inclusif ?
Outre la paix militaire, l’accord de Doha pourrait ouvrir la voie à un nouveau dialogue politique national, destiné à rassembler l’ensemble des forces politiques congolaises, y compris celles en exil. Kinshasa envisagerait, selon plusieurs indiscrétions, de tenir ce dialogue dans un autre pays africain afin de garantir la neutralité du cadre et la participation d’anciens dirigeants ou figures de l’opposition.
Parmi les noms évoqués figurent Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Claudel Lubaya et d’autres leaders politiques aujourd’hui éloignés du pays. Le Togo se serait d’ailleurs déclaré disposé à accueillir cette rencontre de réconciliation nationale.
Un tournant historique en perspective
Si l’accord de Doha venait à être signé, il marquerait une étape majeure dans la recherche de la paix à l’Est de la RDC, où les affrontements entre les FARDC, les groupes d’autodéfense Wazalendo et les rebelles de l’AFC-M23 ont provoqué une crise humanitaire sans précédent depuis 2022.
Toutefois, certains observateurs appellent à la prudence. Ils soulignent que plusieurs précédents accords notamment ceux de Sun City, Nairobi ou Luanda ont souvent échoué faute d’application réelle sur le terrain.
Pour l’heure, Kinshasa et l’AFC-M23 gardent le silence sur les détails, tandis que la communauté internationale scrute avec attention les prochains jours, qui pourraient redessiner les contours politiques et sécuritaires de la République Démocratique du Congo.
Muller Mundeke Kalonji
