Crise en RDC : inquiétude sur la signature d’accord entre Kagame et Tshisekedi à Washington ce 13 novembre

À quelques jours de la date du 13 novembre 2025, annoncée pour la signature de l’accord de paix définitif entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, les doutes s’intensifient quant à la tenue effective de cette rencontre diplomatique.

Malgré les annonces officielles et l’implication de plusieurs partenaires internationaux, les premiers signaux laissent présager un risque de report, voire d’impasse.


Un accord au cœur de la diplomatie régionale

L’accord de Washington, négocié depuis plusieurs mois sous la médiation conjointe des États-Unis et du Qatar, devait marquer une étape décisive dans la pacification de l’Est de la RDC.

Ce texte prévoit notamment :

  • le retrait progressif des troupes rwandaises du territoire congolais ;
  • la neutralisation des groupes armés, en particulier les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ;
  • la mise en place d’un cadre de coopération économique régionale visant à renforcer les échanges transfrontaliers et la traçabilité des minerais ;
  • ainsi qu’un mécanisme conjoint de suivi et d’évaluation sous supervision internationale.

La signature solennelle prévue à Washington devait symboliser l’engagement des deux présidents, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, à tourner la page d’une décennie de tensions meurtrières.


Des signaux inquiétants à la veille de la date butoir

1. Une date annoncée mais encore incertaine

Si le 13 novembre a été évoqué à plusieurs reprises, aucune confirmation officielle n’a été publiée par les autorités congolaises ni rwandaises. Ce flou alimente les spéculations sur un éventuel report, d’autant plus que les équipes techniques chargées de finaliser les annexes de l’accord ne seraient pas encore parvenues à un consensus complet.

2. Un agenda présidentiel qui complique la logistique

Selon des sources diplomatiques, le président Félix Tshisekedi doit effectuer une visite officielle en Angola les 11 et 12 novembre, dans le cadre des discussions régionales sur la sécurité dans les Grands Lacs. Ce déplacement, prévu à la veille du rendez-vous de Washington, rend improbable sa présence effective aux États-Unis le 13, sauf changement de programme de dernière minute.

3. Kigali exige des garanties concrètes

Du côté rwandais, le président Paul Kagame a récemment réaffirmé que son pays ne signerait pas un accord « de façade ». Kigali exige des engagements vérifiables sur la neutralisation de la FDLR et la sécurisation des frontières, avant toute signature définitive. Cette position, jugée ferme mais cohérente, retarde le processus et accentue la méfiance entre les deux capitales.

4. L’absence du M23 dans les discussions

Autre facteur de fragilité : le mouvement rebelle M23, acteur central de la crise dans le Nord et Sud-Kivu est engagé dans d’autres pourparlers avec Kinshasa à Doha. La mise en place effective de l’accord de Washington passe avant tout par un accord à Doha. Plusieurs analystes estiment que sans l’adhésion des principaux groupes armés, la paix restera théorique.


Des implications majeures pour la stabilité du Nord-Kivu

Au-delà des symboles diplomatiques, l’enjeu de cet accord est crucial pour des millions de civils dans l’Est de la RDC. La réussite de ce processus pourrait :

  • ouvrir la voie au retour massif des déplacés internes ;
  • favoriser la reprise des activités économiques, notamment minières, aujourd’hui paralysées par l’insécurité ;
  • rétablir la confiance régionale et attirer de nouveaux investissements américains et africains.

Mais à l’inverse, tout retard ou échec dans la signature risquerait de prolonger les violences, de décourager les bailleurs, et de compromettre les efforts de pacification engagés par la diplomatie régionale.


Trois scénarios possibles à l’horizon du 13 novembre

  1. La signature maintenue mais partielle : les deux chefs d’État pourraient parapher un document politique sans finaliser les aspects militaires, renvoyant ceux-ci à des commissions techniques.
  2. Le report officiel de la cérémonie : afin de mieux préparer les garanties exigées, la signature pourrait être reportée à une date ultérieure, probablement avant la fin de l’année 2025.
  3. Un échec diplomatique déguisé : en cas de désaccord persistant, la rencontre pourrait être remplacée par une simple déclaration commune, sans engagement concret un scénario que redoutent plusieurs chancelleries africaines.

À mesure que s’approche la date symbolique du 13 novembre, l’espoir d’une signature historique s’accompagne d’une profonde incertitude. Les positions demeurent rigides, les conditions logistiques complexes et la méfiance palpable.

Pour nombre d’observateurs, la véritable réussite ne résidera pas dans la photo des deux présidents à Washington, mais dans la mise en œuvre effective des engagements sur le terrain : désarmement des groupes, retrait des troupes étrangères et retour de la paix durable dans les provinces meurtries du Nord-Kivu et de l’Ituri.

L’avenir dira si Washington sera le théâtre d’un tournant diplomatique ou d’un nouveau rendez-vous manqué dans la quête de paix pour l’Est congolais.


Muller Mundeke Kalonji

Related Post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *