Un nouveau pas vient d’être franchi dans le processus politique visant à mettre fin à la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Une importante délégation de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) / Mouvement du 23 Mars (M23) a été reçue ce samedi à Doha par les autorités qataries, dans le cadre des pourparlers de paix initiés sous la médiation du Qatar.
Cette mission diplomatique survient alors que le Président Félix-Antoine Tshisekedi vient d’annoncer depuis le Brésil la signature imminente d’un accord de paix entre le gouvernement congolais et l’AFC-M23, évoquant « une issue favorable dans les prochains jours » aux processus de Doha et de Washington.
Une délégation de haut niveau présente à Doha
Selon plusieurs sources diplomatiques, la délégation de l’AFC-M23, renforcée pour l’occasion, est composée de plusieurs figures clés du mouvement :
- Jean-Paul Shaka, conseiller à la coordination de l’AFC/M23, juriste de formation, basé entre les États-Unis et l’Europe ;
- Jeanpy Alumba Lukamba, assistant de Corneille Nangaa, président de l’AFC ;
- Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif de l’AFC/M23 et chef de la délégation à Doha ;
- Bertrand Bisimwa, président du M23 et coordonnateur adjoint chargé des questions politiques et diplomatiques de l’AFC ;
- Fred Ngenzi Karogora, cadre politico-militaire de l’AFC/M23, déjà cité dans les rapports du Groupe d’experts de l’ONU en 2014 et 2025 pour ses activités dans la région des Grands Lacs.
Cette délégation a été officiellement reçue par Abdulaziz bin Saleh Al-Khulaifi, ministre d’État au ministère qatari des Affaires étrangères, considéré comme l’un des principaux artisans de la médiation entre Kinshasa et le M23. Le porte-parole du ministère, Majed Al Ansari, a également pris part à cette séance de travail stratégique.
Les signaux d’une paix en gestation
À l’issue de la rencontre, Bertrand Bisimwa a publié un message sur son compte X (ancien Twitter) saluant une « fructueuse séance de travail » avec la diplomatie qatarie.
« La paix se construit à Doha pour nos populations : bientôt le silence des armes, le bruit des houes dans nos champs, et les véhicules traversant nos villages pour rapatrier nos réfugiés et approvisionner nos villes », a-t-il écrit.
Ce message, largement relayé sur les réseaux sociaux, traduit un ton d’optimisme partagé par les deux parties, après plusieurs mois de discussions discrètes menées à Doha et à Washington sous l’appui des partenaires régionaux et internationaux.
Un contexte politique sensible
Les pourparlers de Doha constituent aujourd’hui le cadre le plus avancé des négociations entre Kinshasa et les rebelles du M23, regroupés au sein de l’AFC. Selon des sources proches du dossier, un accord de principe aurait déjà été paraphé par les deux parties, prévoyant notamment :
- la cessation immédiate des hostilités,
- la création d’un corridor humanitaire pour les déplacés,
- et un engagement de réintégration progressive des combattants du M23 dans le processus national de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDRCS).
Le Qatar, devenu un acteur diplomatique de premier plan en Afrique centrale, multiplie les efforts pour rapprocher les positions, avec l’appui des États-Unis et de l’Union africaine.
Vers un tournant décisif ?
À Kinshasa comme à Goma, la perspective d’un accord officiel nourrit autant d’espoirs que de prudence. Après des années de guerre ayant déplacé plus de deux millions de civils, la population de l’Est du pays attend des actes concrets.
Les prochains jours seront donc déterminants pour vérifier si cette nouvelle dynamique diplomatique se traduira enfin par un silence durable des armes dans les provinces meurtries du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Muller Mundeke Kalonji
