RDC :  Jean-Pierre Bemba et Constant Ndima appelé à comparaître dans le procès Roger Lumbala en France

Le procès de l’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala s’est poursuivi ce mercredi 13 novembre devant la cour d’assises de Paris, dans un climat particulièrement tendu.

Poursuivi pour crimes de guerre et association de malfaiteurs pour des faits commis en Ituri au début des années 2000, l’ancien président du RCD-N a de nouveau refusé de comparaître, récusant au passage ses avocats.

Un refus de comparaître et des accusations contre la justice française

Depuis l’ouverture du procès, Roger Lumbala conteste la compétence de la justice française pour le juger. Il parle d’une « parodie de justice », estimant être victime d’un procès politique fabriqué à l’étranger.

Malgré ce refus, la cour a désigné un avocat commis d’office, et les débats se poursuivent conformément à la procédure.

Au cœur du dossier : l’opération « Effacer le tableau »

L’affaire repose essentiellement sur les évènements liés à l’opération « Effacer le tableau », une campagne militaire menée entre octobre 2002 et janvier 2003 dans la province de l’Ituri, en pleine guerre inter-rebelles.
Cette opération avait réuni une alliance entre :

  • le MLC de Jean-Pierre Bemba,
  • le RCD-N de Roger Lumbala,
  • contre le RCD-ML de Mbusa Nyamwisi.

Selon l’accusation, cette offensive se serait accompagnée de massacres à caractère ethnique, de viols, de pillages et d’autres crimes de guerre visant principalement les populations civiles.

Pourquoi Jean-Pierre Bemba est-il cité dans le procès ?

L’un des tournants du procès réside dans la liste de témoins cités par la défense de Roger Lumbala.

Parmi eux figure Jean-Pierre Bemba, ancien chef du MLC, aujourd’hui vice-Premier ministre et ministre des Transports en République démocratique du Congo.

Roger Lumbala soutient depuis plusieurs auditions que :

  • son mouvement n’était pas armé,
  • qu’il n’exerçait aucun commandement militaire effectif,
  • et que les opérations militaires dans cette alliance étaient dirigées par les forces du MLC de Bemba.

Il renvoie donc la responsabilité stratégique de l’opération à son ancien allié, espérant que le témoignage de ce dernier pourra éclairer la cour sur le rôle réel du RCD-N.

Entraide judiciaire : Paris transmet la convocation à Kinshasa

Dans le cadre de la coopération judiciaire internationale, la convocation de Jean-Pierre Bemba a été transmise par l’ambassade de France à Kinshasa aux autorités congolaises.
D’autres témoins cités par la défense suivent le même canal.

Selon le président de la cour, un circuit accéléré de délivrance de visas, gratuits, a été mis en place pour permettre aux témoins notamment ceux de la défense de se présenter en France dans les meilleurs délais.

Plusieurs d’entre eux se sont rendus cette semaine à l’ambassade pour des démarches administratives.

Le général Constant Ndima également cité dans l’affaire

Parmi les autres personnalités mentionnées figure le lieutenant-général Constant Ndima, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu.

Le haut gradé des FARDC, qui était actif dans l’armée à l’époque des faits, aurait été cité comme témoin susceptible d’apporter des éclairages sur la chaîne de commandement, les mouvements des troupes et les relations entre groupes armés dans la région à ce moment-là.

Un procès très attendu, aux implications politiques sensibles

Le procès de Roger Lumbala revêt une dimension hautement sensible, tant en RDC qu’à l’international.
Il met en lumière l’un des épisodes les plus sombres et les moins documentés de la guerre en Ituri, tout en interrogeant le rôle de plusieurs figures majeures de la scène politique et militaire congolaise.

La poursuite du procès dans les prochains jours devrait révéler :

  • la disponibilité ou non des témoins cités,
  • leur éventuelle comparution à Paris,
  • et les conséquences politiques que pourraient entraîner leurs déclarations.

Ce dossier, qui chevauche histoire, justice internationale et paysage politique actuel, reste l’un des plus suivis par les observateurs de la région des Grands-Lacs.


Muller Mundeke Kalonji

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