RDC : vers la réouverture partielle de l’aéroport de Goma, Kinshasa fixe le cap

Alors que la situation humanitaire se dégrade dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, le Gouvernement central envisage une réouverture partielle de l’aéroport international de Goma, fermé depuis plusieurs mois à tout trafic civil à cause de la menace persistante du M23 appuyé par le Rwanda.

Cette décision stratégique, annoncée par le porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya, s’inscrit dans le cadre des efforts visant à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire vers les populations déplacées, particulièrement dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, où les besoins sont de plus en plus criants.

Une ouverture sous conditions strictes

Invité sur le plateau de TV5Monde, Patrick Muyaya a confirmé que Kinshasa travaille à un dispositif spécial permettant la reprise partielle des activités aériennes à Goma, tout en insistant sur la souveraineté décisionnelle du pays :

« Si cela ne dépendait pas du Gouvernement, l’aéroport serait déjà ouvert. Mais nous devons agir dans le respect des impératifs sécuritaires et de notre souveraineté nationale », a-t-il déclaré.

Le ministre a précisé qu’un Notam (Notice to Airmen) reste actuellement en vigueur, interdisant tous les vols civils à destination de Goma et Bukavu. Cependant, des discussions avancées sont en cours entre Kinshasa, les Nations Unies, l’Union européenne et plusieurs ONG internationales pour autoriser des vols humanitaires sous encadrement militaire.

Acheminer l’aide d’urgence aux déplacés

Plusieurs sources humanitaires indiquent que plus de 2,7 millions de personnes sont actuellement déplacées dans la province du Nord-Kivu, dont la majorité dépend de l’aide alimentaire et médicale internationale.

La fermeture de l’aéroport de Goma, principal hub logistique de la région, a ralenti considérablement les opérations humanitaires, poussant le Gouvernement à revoir sa position. Un haut fonctionnaire du ministère des Affaires humanitaires a révélé à la presse que les premiers vols pourraient concerner le transport de vivres, de médicaments et de matériel médical.

Coordination internationale et sécurité aérienne

Le projet de réouverture s’inscrit aussi dans les discussions en cours à Paris sur la mise en place de corridors humanitaires sécurisés, en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Des mesures sécuritaires strictes sont prévues, notamment la surveillance de la piste par la MONUSCO, afin d’éviter tout risque d’attaque ou de sabotage.

La paix comme priorité absolue

Tout en réaffirmant la souveraineté du pays, Patrick Muyaya a souligné que le retour à la paix reste la condition essentielle à une reprise complète du trafic aérien et à la relocalisation volontaire des réfugiés congolais :

« Nous traiterons cette menace parce qu’elle touche d’abord nos propres populations. Notre devoir est d’assurer leur sécurité et de leur redonner espoir », a-t-il insisté.

Une lueur d’espoir pour l’Est

Cette décision, attendue par de nombreux acteurs humanitaires et économiques, pourrait marquer un tournant dans la réponse à la crise humanitaire au Nord-Kivu. Elle traduirait également la volonté du Gouvernement de rester maître des décisions stratégiques, tout en collaborant avec ses partenaires internationaux dans un contexte de guerre prolongée.

La réouverture progressive de l’aéroport de Goma, si elle se concrétise d’ici la fin de novembre, constituerait un signal fort de résilience et de reprise de contrôle de l’État congolais sur cette zone hautement stratégique.


Ilunga Mubidi Oscar

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